CATHÉDRALE, de cathédra ou cathèdre qui signifie siège, ou trône épiscopal. Cathédrale
s’entend comme église dans laquelle est placé le
trône de l’évêque du diocèse. Dans les églises primitives, le trône de l’évêque était placé au fond
de l’abside, dans l’axe,
comme le siége du juge de la basilique antique et l’autel s’élevait en avant de la tribune,
ordinairement sur le tombeau d’un
martyr. L’évéque, entouré de son clergé, se trouvait ainsi derrière l’autel isolé et dépourvu de
retable; il voyait donc l’officiant
en face. Cette disposition primitive explique pourquoi, jusque vers le milieu du dernier siècle,
dans certaines cathédrales,
le maître autel n’était qu’une simple table sans gradins.
Jusqu’à la fin du XIIe siècle, les cathédrales n’avaient pas des dimensions extraordinaires;
beaucoup d’églises abbatiales
étaient d’une plus grande étendue; c’est que, jusqu’à cette époque, le morcellement féodal était un
obstacle à la constitution
civile des populations; l’inlluence des évêques était gênée par ces grands établissements religieux
du XIe siècle. Propriétaires
puissants, jouissant de priviléges étendus, seigneurs féodaux, protégés par les papes, tenant en
main l’éducation de la jeunesse,
participant a toutes les grandes affaires politiques, les abbés attiraient tout à eux, richesse et
pouvoir, intelligence et activité.
Lorsque les populations urbaines, instruites, enrichies, laissèrent paraître les premiers symptômes
d’émancipation, s’érigèrent en communes,
il se fit une réaction contre la féodalité monastique et séculière dont les évêques, appuyés par la
monarchie, profitèrent avec autant de
promptitude que d’intelligence.
Ils comprirent que le moment était venu de reconquérir le pouvoir et l’influence que leur donnait
l’Église et qui étaient tombés en partie
entre les mains des établissements religieux. Ce que les abbayes firent pendant le XIe siècle. les
évêques n’eussent pu le faire; mais, au
XIIe siècle, la tâche des établissements religieux était remplie; le pouvoir monarchique avait
grandi, l’ordre civil essayait ses forces et
voulait se constituer. C’est alors que l’épiscopat entreprit de reconstruire et reconstruisit ses
cathédrales et il trouva dans les
populations un concours tellement énergique, qu’il dut s’apercevoir que ses prévisions étaient
justes, que son temps était venu et que
l’activité développée par les établissements religieux, et dont ils avaient profité, allait lui
venir en aide, rien, en effet,
aujourd’hui, si ce n’est peut-être le mouvement intellectuel et commercial qui couvre l’Europe de
lignes de chemins de fer, ne peut
donner l’idée de l’empressement avec lequel les populations urbaines se mirent à élever des
cathédrales.
Nous ne prétendons pas démontrer que la foi n’entrât pas pour une grande part dans ce mouvement,
mais il s’y joignait un instinct
très juste d’unité, de constitution civile.
La cathédrale Saint-André est l’église primatiale d’Aquitaine.
Une fondation légendaire : Au Moyen Âge, le chapitre de Saint-André affirme que l’origine de la
cathédrale remonte aux premiers
temps chrétiens. Un arrêt du
Parlement de Paris, en date du 20 mars 1461, confirme cette déclaration en écrivant qu’elle a été
créée « par des personnes religieuses
dès le temps de saint Pierre ».
Une autre tradition raconte que sa fondation est l’œuvre de l’évangélisateur de l’Aquitaine saint
Martial qui avait été averti par
un songe miraculeux du martyre de saint André.
Le 25 février 1488, Une bulle du pape Innocent VIII confirme l’authenticité de cette
histoire et ajoute que l’église Saint-André est « dans le monde entier, la première fondée sous le
vocable de saint André, frère du
Prince des Apôtres, élevée le jour même de sa mort, à la suite d’une révélation divine par saint
Martial, disciple de saint Pierre
qui prêchait alors à Bordeaux ».
Située sur la place Pey-Berland, elle est le lieu de culte le plus imposant de Bordeaux. Elle fut
consacrée le 1er mai 1096 par le pape
Urbain II. Elle a été reconstruite dans le style gothique du XIIe au XVIe siècle. Dans cette église
fut célébré, en 1137, le mariage
d'Aliénor d'Aquitaine, alors âgée de quinze ans, avec le futur Louis VII, roi des Francs.
Un des plus beaux bâtiments d'architecture gothique qu'on trouve en France, est la cathédrale de
Bordeaux. Sa fondation, qu'une pieuse crédulité place au jour du martyre de St André, date du IXe.
siècle.
L'histoire atteste qu'elle a été bâtie par les libéralités des anciens ducs d'Aquitaine, qui
accrurent
successivement, par d'immenses dons, le revenu des chanoines de cette ville. Plusieurs princes
contribuèrent par la suite à l'achévement de cet édifice majestueux commencé en 1251. L'irrégularité
de
sa structure le prouve.
L'absence d'une façade occidentale est sensible; il est difficile de s'expliquer les raisons qui ont
amené le résultat d'une porte
de maison bourgeoise servant d'entrée principale à la cathédrale. Ce pignon, lourd et massif, n'a
d'autres décorations que cinq contre-forts trèsîpeu saillants. Il est construit en deux appareils:
les contre-forts
en appareil régulier moyen. le reste du mur en moellon irrégulier noyé dans le ciment. Quatre baies
éclairent cette partie inférieure du pignon. De chaque côté du contre-fort central s'élèvent
deux fenêtres allongées, très-étroites, en plein cintre. A la même hauteur, et entre les quatre
contre-forts qui restent, se voient deux
oculus. Tel était le système d'ornementation de ce pignon de l'ouest. Au-dessous d'un cordon peu
saillant formé d'un quart de rond, sans autre moulure, et en retrait, le mur s'élève encore
seulement avec quatre contre-forts, mais beaucoup plus épais, et se termine en fronton triangulaire.
Trois fenêtres rapprochées, au cintre légèrement ogivé, s'ouvrent dans ce fronton. Celle du milieu a
beaucoup plus de hauteur que les deux autres.
Voir cette façade
Au dernier siècle, cette irrégularité s'expliquait tout naturellement : elle avait alors sa raison
d'être. Des documents
historiques et mieux encore des fragments de constructions antiques, montrent la fondation de la
cathédrale à l'angle sud-ouest
des remparts de la ville gallo-romaine et cet état se perpétua visiblement jusque vers le milieu du
XVIIIe siècle. Le ruisseau du
Peugue longeait les remparts au midi, qui s'élevaient à quelques mètres de la clôture méridionale
des cloîtres; à l'ouest, l'extrémité
occidentale de la nef s'appuyait également aux remparts, dont le souvenir nous est conservé par le
nom d'une rue. Ce dernier mur d'enceinte
était bordé primitivement par des marais et plus tard, jusqu'à la construction du nouveau palais
archiépiscopal (aujourd'hui
l'Hôtel de Ville), par les murs du parc et des jardins de
l'ancien Archevêché
. Ainsi resserrée dans
l'angle des deux remparts, la
cathédrale n'était pas accessible et ne pouvait se développer que vers l'est et le nord.
Aux plus mauvais jours de la cité, alors que la peste, la famine ou la guerre afflige et décime la
population bordelaise, c'est à
la cathédrale, aux pieds de l'antique Notre-Dame de la nef, que tout un peuple se réunit et prie.
Arrivent de grands événements politiques,
c'est encore à la cathédrale que les seigneurs de la province se réunissent pour prêter au Roi
serment de fidélité et c'est enfin dans ce
sanctuaire que gouverneurs et magistrats jurent sur l'Évangile de conserver à la ville de Bordeaux
ses droits et ses franchises.
Au milieu des luttes incessantes des armées des rois de France et d'Angleterre pour la possession de
la province de Guyenne,
l'église Saint-André voit surgir du sol les premières assises complétant l'ensemble du monument tel
qu'il se montre de nos jours.
La vieille façade romane, ou plutôt l'extrémité occidentale de la nef adossée au mur de ville; la
nef remaniée suivant les idées
du XIIIe siècle, avec sa porte dite Royale et s'étendant au nord parallèlement à l'ancien
Archevêché; puis, entre les bases des
flèches, la porte nord à l'une des extrémités du transsept, en regard de la porte sud, donnant vers
le Peugue; enfin les chapelles
du chœur entourant l'abside et au midi les cloîtres, entre les bases de la tour occidentale et
l'extrémité de la nef vers le couchant.
Telles étaient, vers le milieu du XIVe siècle, les dispositions apparentes ou projetées de la
cathédrale de Bordeaux. Mais malgré
le zèle de ses évêques, dont l'un devint pape sous le nom de Clément V, les libéralités des princes
et des seigneurs, les sacrifices des
habitants, la construction de la cathédrale marchait avec lenteur; puis, au milieu des violentes
secousses politiques du moyen âge, les
travaux éprouvèrent de fréquentes interruptions et les siècles se succédèrent avant l'entier
achèvement de l'édifice.
Si les dimensions générales de l'œuvre étaient tracées dans les premières années du XIVe siècle, il
est douteux qu'il y eût alors
pour le chœur et les transsepts un plan d'ensemble bien arrêté; plus probablement, les maîtres, en
se succédant, apportèrent leurs idées
propres ou les influences des écoles auxquelles ils appartenaient. L'étude intérieure du monument
démontre qu'on a suivi, soit par
imprévoyance, soit par précipitation, des données inhabiles ou téméraires; résultat inévitable quand
il n'y a pas unité de direction.
Découvrir : Le service régional du patrimoine et de l’Inventaire a lancé depuis plusieurs années un
vaste programme de recherches sur
l’architecture et le mobilier de la cathédrale Saint-André de Bordeaux. La synthèse de cette enquête
et la documentation constituée,
de loin la plus importante qui existe, vous sont présentées à travers la visite virtuelle inédite de
cet édifice remarquable.
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1753 - Rapport adressé par Tourny au ministre de la Marine le 13 avril
Le 4 avril 1753, le vent d'ouest qui régnait depuis quelques jours augmenta si fort, et dura ici
jusqu'au 5 au matin que l'on
ne se souvient pas d'en avoir vu de plus fort, et, qui ait tenu si longtemps de suite. Une des
deux flèches des clochers de la
cathédrale, en a été abattue sur une longueur de 12 à 15 pieds (3 à 5 m).....
La cathédrale de Bordeaux: étude historique et archéologique - Abbé Corbin - 1864
En 1787, un incendie consume la charpente au-dessus des voûtes du chœur et du transsept. On y
supplée par une couverture
provisoire en planches.
Pendant la tourmente révolutionnaire, à partir de 1793, on transforme la cathédrale en vaste grenier
à foin, la statue de
Notre-Dame de la nef est reléguée au fond de son autre chapelle, qui est devenue le Sacré-Cœur ;
l'orgue s'ajoute aux immeubles
volés, tels que vases sacrés, reliquaires, ornements de prix; des tombes historiques sont détruites.
Le rétablissement du culte en 1802, par le premier consul, amène à l'archevêché de Bordeaux Mgr
d'Aviau. L'église
Saint-André avait tellement souffert de la main du temps et des hommes, que le nouveau prélat fut
obligé de faire de l'église
Notre-Dame sa cathédrale provisoire.
En 1808, Napoléon vient à Bordeaux, visite la cathédrale et rend, le 28 avril 1808, un décret
relatif à la conservation de ce
monument. Il y affecte 200,000 fr, y compris quelques autres réparations.
Les travaux commencent en 1810 et s'arrêtent en 1811.
Consolidation des flèches, à l'aide de cercles en fer et des tours Servant de base - achèvement de
la pointe des flèches —
Placement des paratonnerres à leurs extrémités — Reprise, dans leurs parties inférieures, de la
plupart des piliers de la nef —
Démolition de la tribune aux orgues, qu'on reconstruit avec les matériaux du jubé; mais on n'y
laissa que trois arcades, au lieu
de quatre qui le composaient auparavant, pour ne pas que le pilastre du milieu se trouvât juste sur
l'axe de la nef.
En 1820, un orage renversa le fronton qui terminait la façade nord , entre les tours et celui-ci en
s'écroulant, effondra la
charpente et les deux premières travées du transsept.
De 1824 à 1828, on exécuta les travaux que suivants : Reconstruction de la charpente du chœur et de
la partie sud du transept — Renouvellement de la couverture et des chéneaux —
Réparation des arcs-boutants, des galeries extérieures du rond-point et de plusieurs fenêtres.
1837 réparation des vitraux de la nef, confiée à M. Helle. Quelque temps après, on refait la
magnifique rosace du nord.
Porte Royale
La statuaire de l'ancien portail nord de la Primatiale égale, comme beauté de style, les sculptures
des
plus belles églises de France; cette entrée n'offre pas, il est vrai, tout un monde de statuettes
comme celles des cathédrales de
Reims, Chartres et Paris, mais elle présente néanmoins les plus beaux spécimens de l'art français au
moyen âge.
Cette porte, établie sur le flanc nord de la nef, fut édifiée dans la première moitié du XIIIe
siècle. C'était alors l'entrée
principale de l'église, par la situation toute particulière de la cathédrale, clôturée, ainsi qu'il
a été dit précédemment, au
sud et à l'ouest; cette porte était placée, sinon heureusement comme disposition régulière, du moins
raisonnablement, car elle
aspectait le centre de la ville.
Le nom de porte Royale, sous lequel elle est désignée dans la Chronique bordelaise, rappelle que
cette entrée était spécialement
réservée aux rois et aux grands personnages; c'était une porte d'honneur.
N'y a-t-il pas lieu de penser que cette dénomination de porte Royale ne date que de la construction
du chœur? Les lois de la
symétrie et les dispositions adoptées pour l'agrandissement de l'édifice exigeaient deux entrées aux
extrémités opposées des
transsepts; mais l'ancienne porte du nord n'était plus nécessaire, elle fut réservée pour les
occasions solennelles.
En 1826, cette porte éprouva de graves mutilations. L'ancienne sacristie, placée depuis longtemps
dans le bascôté gauche du chœur,
à l'entrée des chapelles et attenant à l'ancienne Trésorerie, fut transférée à l'extérieur de la nef
au nord de la cathédrale.
La porte Royale présente un développement de 7,80 m de largeur, sur une hauteur de 9,36 m. Le tympan
et les voussures : sur le
tympan est figuré « le Christ au jour du jugement, nu, montrant ses plaies; des anges tiennent les
instruments de la passion, la
Vierge et Saint-Jean à genoux implorent le divin Juge. » Cette citation indique d'une manière
générale la composition du tympan.
Au-dessus du linteau, le Christ, assis, nimbé, du nimbe crucifère, la tête fixe, le visage calme,
encadré de longs cheveux bouclés
et d'une barbe fine; de l'épaule gauche du Sauveur descend une draperie enveloppant le bras, une
partie des jambes et les mains,
actuellement brisées, présentaient les traces des clous.
A droite du Christ, un ange tenant la croix (cassée), la Vierge à
genoux, à la suite un ange portant une lance (aujourd'hui brisée), puis un troisième ange, de plus
petite dimension, sonnant de
la trompette (l'instrument a disparu). A gauche du Christ, un ange pressant sur sa poitrine une
couronne (brisée); Saint-Jean à
genoux; un deuxième ange avec la colonne, puis un troisième sonnant de la trompette (l'instrument a
disparu) comme celui de l'extrémité opposée.
Au-dessus de ce bas-relief, séparé par une guirlande de chêne, apparaissent deux anges, tenant l'un
le soleil, l'autre la lune
Détail du tympan
A gauche de cette composition, un ange indique le Christ triomphant, un deuxième élève la tête en
signe d'extase, un troisième est
agenouillé ; à droite, un ange les mains jointes, un deuxième la tête inclinée (car trop grand), un
troisième agenouillé.
Sur le linteau de la porte est représentée la résurrection générale; des rois, des ducs, des évêques
sortent de leurs tombeaux et
d'autres figures nues soulèvent la pierre de leur sépulcre.
Autour du tympan se développent quatre successions d'archivoltes ornées de fines et délicates
statuettes, rappelant par la grâce
de leurs poses et de leurs ajustements les images célestes du frère Angelico da Fiesole (Fra
Angelico - Le Peintre des anges).
Dans la voussure interne sont placés dix anges à deux ailes, quelques-uns vêtus d'une simple robe
traînante, et d'autres d'amples
tuniques à larges manches. Les huit anges des claveaux inférieurs sont debout, dans une attitude
calme, les mains jointes ou légèrement
espacées sur la poitrine. La première de ces statuettes, à gauche du spectateur, a sous les pieds
deux animaux: l'un ailé, un dragon;
l'autre est à peine dégrossi. Au sommet de la voussure, deux anges, également debout, tiennent des
couronnes élevées sur la tête du Christ.
La deuxième archivolte présente un même nombre d'anges, vêtus comme les précédents, portant le même
nombre d'ailes et tenant des
encensoirs et des vases sacrés. (Une de ces statuettes est moderne et contraste désagréablement avec
l'ensemble de ces voussures.)
« Les encensoirs fumant indiquent le ministère des anges chargés de porter au trône de Dieu le
parfum de nos prières. » (Institution de
l'art chrétien, Tome II, p. 96.)
Aux claveaux supérieurs de la troisième archivolte, quatre chérubins chargés de triples paires
d'ailes et reposant leurs pieds
nus sur des roues, image de la vigilance de ces messagers célestes. Puis au-dessous, six vierges ou
martyres tenant des livres
fermés et des palmes.
A la quatrième et dernière archivolte, douze personnages de divers ordres de bienheureux; les
apôtres saint Thomas avec son
équerre et saint Jacques-le-Majeur avec son bourdon et ses coquilles; le roi David portant sa harpe;
des prophètes ayant en mains
des phylactères; des vieillards rois, vêtus de longs manteaux et couronnés. Toutes ces figures,
trois exceptées, portent la barbe
et les cheveux longs.
Quatrième archivolte
Tympan de la porte nord
Pied-droit porte nord
La construction du portail du transept nord de l'église Saint-André de Bordeaux peut être fixée
d'une manière assez précise au
milieu du xive siècle. Elle marque la fin des grands travaux entrepris cent ans auparavant par
l'archevêque de Bordeaux Géraud
de Malemort et continués grâce aux libéralités d'un de ses successeurs, Bertrand de Goth, devenu
pape en 1305 sous le nom de
Clément V.
L'évasement de ce portail est de 8,65 m et son élévation, du sol au sommet de l'arc ogive externe,
est de 11 mètres. Sur le
trumeau ou pilier central est la statue en pierre, du pontife Bertrand de Goth, archevêque de
Bordeaux de 1300 à 1305 et la même
année élu pape sous le nom de Clément V. Le Souverain Pontife est debout, un riche dais couvre sa
tête, ceinte de la tiare, il
est revêtu d'une ample chasuble, ses mains sont gantées, il élève la main droite pour bénir, et ses
pieds, chaussés de souliers,
reposent sur un coussin.
Dans les ébrasements du portail, reposant sur des piedsdroits, placées dans des niches et
recouvertes de riches dais, sont rangées
six statues, également en pierre et de grandeur naturelle. Mgr Donnet décrit ainsi ces statues : «
Les six évêques, placés trois à droite
et trois à gauche du Pape, dans les niches à pieds-droits, sont aussi bien conservés que Clément V:
ils n'ont subi aucune notable mutilation;
c'est un bonheur pour l'art et une gloire pour le pays. Ce sont évidemment des personnages du temps,
leurs figures ont ce style de finesse
et d'intelligence qui caractérise le XVe siècle, gardant toutefois la simplicité de l'époque. Ils
sont rasés, gantés et chaussés; leurs
mitres sont unies et basses. Deux sont vêtus de chasubles à étoffe tombante; deux de chappes
également tombantes; deux de dalmatiques à
larges manches, fendues lattéralement aux deux côtés et ornées d'une frange; tous sont placés sur
des coussins. Ces figures, au point de
vue de la statuaire, sont d'une grande beauté.
Ebrasements gauche du portail
Ebrasements droit du portail
Selon « MEAUDRE DE LAPOUYADE - LA STATUE DE CLÉMENT V - A LA CATHÉDRALE SAINT-ANDRÉ - Extrait de
la Revue historique de Bordeaux et du
déparlement de la Gironde - V e Année, n° 1, janvier-février 1912 », les têtes de
Clément V et de l'évêque situé à sa droite auraient
été refaites car décapitées à la révolution. Et de conclure :
Et, pour notre part, nous eussions mieux aimé
une statue de Clément V décapitée et incomplète, mais dont la nature et la beauté seraient
demeurées intactes, qu'une statue à
laquelle rien ne manque sans doute, mais affublée d'une tête d'occasion qui suffit à la
déshonorer. Ces restaurations, déjà si
condamnables au point de vue de l'art, ne
le sont pas moins au point de vue de l'archéologie elle-même, de cette science archéologique au
nom de laquelle on ne craint cependant
pas de les faire, car tout en faussant l'éducation de l'oeil, elles fraudent aussi la vérité
historique et peuvent devenir la
source de regrettables erreurs. L'histoire de notre statue en est la preuve.
Clément V
Clément V
Dans le tympan de la porte Nord, divisé en trois parties par des nuées, sont représentés trois
épisodes de la vie de Jésus-Christ :
son sacrifice, sa glorification et son apothéose.
Le premier bas-relief, dans la partie inférieure, est la Cène pascale; le Christ, assis au milieu de
ses apôtres, leur annonce la
trahison de l'un d'eux: « En vérité, en vérité, je vous le dis, un de vous me trahira. » Au centre
du tympan, l'ascension: les apôtres,
rangés en deux groupes, élèvent leurs regards vers le Christ, disparaissant à moitié dans les
nuages. Enfin, le bas-relief supérieur a pour
sujet le Fils de Dieu, assis et triomphant, entouré d'anges; les deux plus rapprochés du Christ sont
debout et tiennent, l'un le voile de
Véronique, et l'autre la lance de Longin. Les deux anges des extrémités du bas-relief sont couchés;
celui de droite tenant le soleil et
celui de gauche la lune. Comme il est facile de le remarquer, cette dernière scène est inspirée
d'une partie du bas-relief décorant le
tympan de la porte Royale.
Trois rangs de statuettes décorent l'épanelage des trois voussures : à la voussure interne, dix
anges tiennent des couronnes; à
celle du centre, les douze apôtres; Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-André et Saint-Jean sont plus
particulièrement reconnaissables.
Plusieurs de ces figures ont été refaites, d'autres sont encore mutilées. A la dernière voussure,
les patriarches et les prophètes, au
nombre de quatorze; Moïse portant les tables de loi; David sa harpe, et d'autres tenant en mains des
phylactères.
Toutes ces petites figures, soigneusement travaillées, reposent sur de riches consoles et sont
abritées sous de petits dais
ajourés d'une exécution merveilleuse; ce n'est plus de la statuaire, mais une belle et délicate
ciselure.
Portail du midi
appartient au XIVe siècle, mais l'ornementation dut être exécutée à de longs intervalles et par
plusieurs artistes; de
là sans doute ces divergences de manière et de style entre les basses-œuvres et les voussures.
D'après quelques chroniqueurs des derniers siècles, ce portail aurait subi de graves mutilations. «
Sur le tympan de cette porte, est une belle image de la Vierge en
relief et au-dessus a été taillée dans la pierre l'image de son assomption et un ange qui appelle
les âmes au jugement. Ce tympan, d'après
M. Bernadau (Viographe bordelais), fut enlevé en 1793, parce qu'il gênait la circulation des
charrettes de foin qu'on emmagasinait alors
dans cette église.
Si la porte méridionale a moins de développement et plus de sobriété dans sa décoration que les deux
portes du Nord, il faut bien
tenir compte de l'époque et du lieu de son édification; elle ne communiquait qu'avec la Sauvetat de
SaintAndré, et ne donnait
accès dans l'église qu'aux personnes résidant dans les dépendances du chapitre et rarement à la
population bordelaise. Au moyen
âge, tout le terrain compris entre la façade méridionale de la cathédrale et le l'eugue, dont les
eaux baignaient les murs de
ville à quelques mètres de cette porte, était la partie privative du clergé.
Avant de décrire l'êtât actuel de ce portail, une autre remarque doit être faite: ce n'était point
au midi, dans les monuments
des XIIe et XIIIe siècles du nord et du centre de la France, que se trouvait le portail consacré à
la Très-SainteVierge, mais
bien sur la façade septentrionale.
« Le Nord est la région des frimas et des orages, c'est-à-dire des passions et de
l'endurcissement dans le péché; c'est
ainsi que saint Augustin voit revenir du Septentrion l'enfant prodigue quand il reprend la route
du toit paternel. Les commentateurs
d'Ézéchiel ne parlent pas autrement et c'est aussi pourquoi les vieux architectes consacraient
le portail septentrional à Celle qui est le
refuge des pécheurs et la Mère de la miséricorde. C'est le fanal du retour, signalant les plages
funestes où le navigateur imprudent court
se briser; c'est un cri de rappel qu'on lui adresse et une invitation à se jeter dans le
port. »
La porte méridionale est actuellement sans trumeau; sa hauteur, du sol au faîte de l'archivolte
externe, est de 9,30 m et ses
ébrasements donnent un développement de 7,05 m.
Dans les voussures se présentent trois rangées de statuettes ainsi divisées: premièrement, dix anges
à deux ailes et très
habilement drapés; au deuxième rang, la parabole des vierges sages et des vierges folles: les
premières tiennent leurs lampes
droites pour éclairer le retour de Jésus-Christ; les secondes, élégamment vêtues, portent leurs
lampes vides et renversées.
Enfin, à la dernière voussure apparaissent les douze apôtres.
Plusieurs de ces statuettes, malheureusement mutilées, sont bien composées, gracieuses de poses,
d'arrangement et présenteraient
une grande finesse d'exécution si le pinceau du badigeonneur les avait respectées. Un débadigeonnage
intelligent et l'enlèvement
d'un énorme abat-vent coupant le pignon triangulaire de cette entrée, rendraient à l'ensemble de ce
portail un aspect beaucoup
plus heureux et surtout plus digne.
Dans les ébrasements se voient huit niches, veuves de leurs statues. Les piédestaux représentent des
groupes d'animaux et des
personnages luttant entre eux. Des bas-reliefs, remarquables par l'esprit de leur facture et portant
les caractères de la première
moitié du XIVe siècle, décorent les basses œuvres de cette porte. Ces compositions, par leur état de
vétusté, sont incompréhensibles et
prêtent aux conjectures les plus multiples et les plus hasardées. Mgr Donnet et M. de Lamothe
acceptent la première scène de droite comme
se rapportant à la légende de Saint-Nicolas; mais y a-t-il une suite dans ces bas-reliefs? Si les
antiquaires trouvent parfois un certain
charme à vouloir expliquer le sens mystérieux de ces vieilles sculptures, n'est-il pas plus simple,
comme l'a fort bien dit M. Didron en
parlant de l'iconographie hiératique du XIVe siècle, de ne voir dans ces sculptures « qu'une
symbolique vague, décousue, incomplète, qui se
trouve là par habitude et comme ornement. »
Voici l'analyse de ces bas-reliefs, encadrés isolément dans des quatre-feuilles. Côté droit:
1° Trois enfants dans un baquet, portes sur des vagues ou sur des nuages; ce bas-relief se
rapporterait à la légende de Sainl-
Nicolas.
2° Personnage appuyant la main droite sur la tète d'un enfant agenouillé.
3° Groupe de trois femmes, deux agenouillées et la troisième debout.
4° Groupe également de trois personnages, le plus apparent se soutient sur des béquilles.
5° Un personnage imberbe tient de la main gauche un tout jeune enfant qu'il paraît guider et
conduire.
A gauche:
l° Un personnage tête nue, cheveux longs, portant la barbe, vêtu d'une longue tunique; il semble
bénir de la main droite de
petites figures mutilées et placées à ses côtés. M. l'abbé Bourrasse croit reconnaître dans ce
bas-relief le sujet des paroles de
Jésus-Christ: « Laissez venir à moi les petits enfants. »
2° Un évêque, à mitre basse, tenant sa crosse; des personnages assis paraissent l'écouter.
3° Sculpture très-fruste; on y distingue un personnage barbu, enveloppé d'un ample vêtement, debout
et la tête recouverte.
4° Bas-relief très-mutilé, où se voient confusément trois petites figures.
5° Personnage les mains levées sur la tête de deux petites figures agenouillées. Ce bas-relief est à
moitié engagé dans le pilier.
Dans les intervalles des quatre-feuilles se comptent douze petits compartiments occupés par des
sculptures, dont trois représentent
évidemment des signes du zodiaque : une écrevisse, un capricorne, un sagittaire.
L'ogive de la porte est surmontée d'un pignon (aujourd'hui tronqué) dont les rampants sont ornés de
crochets. A la naissance de
l'archivolte externe se trouvent des figures grimaçantes et au dessus de la porte, des corbeaux
ornés de têtes d'une exécution
grossière. Il serait oiseux d'analyser plus amplement tous ces détails de sculpture.
L'analyse des trois portails de la cathédrale Saint André, où la décoration présentait dans son
ensemble le développement d'une
seule composition, soit la glorification du Fils de Dieu ou de la Vierge, viennent les motifs isolés
concourant à l'ornementation
de l'édifice : tels sont les statuettes, les consoles historiées, les gargouilles et les pinacles.
Cette ornementation n'avait pas toujours
pour but d'enlever au nu des murs leur monotonie, de donner aux masses des profils plus élégants,
plus légers, mais de cacher, sous une
forme gracieuse ou bizarrement animée, des accessoires essentiels à l'usage et à la solidité de
l'édifice.
Le flanc méridional de la cathédrale longeant la nef, présente une suite d'arcs-boutants élevés à
diverses époques et dans le but
de contre-bouter la poussée incessante des murailles. Ces contre-forts indiquent, par la variété de
leurs formes et le système de leur
décoration, qu'ils appartiennent aux XIIIe, XIVe et XVe siècles. Ces derniers, les plus lourds et
les plus massifs, furent élevés à la
suite de la reconstruction d'une partie des voûtes de la nef, renversées par un tremblement de
terre.
Ce qu'il faut bien plutôt admettre comme probable, ou même certain, c'est que, bâties au
commencement de l'ère ogivale, alors
qu'on ne connaissait que très imparfaitement les lois d'équilibre et de stabilité du nouveau système
de construction, les voûtes
primitives de Saint-André avaient été élevées dans des conditions défectueuses de solidité et de
durée. Elles recouvraient une
nef dont la hauteur et la largeur étaient, en effet, exceptionnelles, et leurs contreforts, sans
arcs-boutants, n'opposaient pas
une résistance suffisante aux poussées.
En févier 1527, les voûtes des quatre dernières travées s'écroulèrent de vétusté et c'est alors que,
sous l'épiscopat et grâce à la
munificence de Jean de Foix, elles furent reconstruites sur le plan et dans le mode où nous les
voyons encore aujourd'hui.
L'ensemble de ces contre-forts, vu du préau des cloîtres, donne à cette partie de la primatiale une
silhouette d'un pittoresque
fantastique, mystérieux, complété par la présence incessante d'oiseaux sauvages, volant en rond et
s'élançant des pinacles aux
flèches.
Les crochets du XIIIe siècle, ornements particulièrement adoptés à cette époque pour la décoration
des frises, les rampants des
pignons, les gorges des archivoltes, apparaissent à Saint-André du côté du midi, proche la tour
occidentale et au-dessus des
premières croisées.
A l'étage supérieur, au-dessous du bahut, se trouvent de petites arcatures ogivales supportées par
de petites consoles en forme
de figurines d'un profil très-caractérisé. La ligne du bahut, en cet endroit, est coupée par un
petit pinacle, sur plan carré,
dans le style du xme siècle.
Immédiatement après la porte du midi, à l'extérieur des chapelles du chœur, se développe toute la
riche ornementation de la
cathédrale, portant dans son ensemble l'empreinte du xive siècle. Les balustrades fleuronnées, les
sommets des clochetons, les
clochetons eux-mêmes sont fouillés et ciselés avec une délicatesse infinie; ces choux frisés, ces
figurines, ces animaux décorant
l'extrémité des pinacles ou des gargouilles, dénotent une étude très-exacte de la nature, et le mé
rite de leur exécution ne peut être
réellement apprécié qu'en parcourant la galerie couronnant les chapelles de l'abside.
Parmi les statues du XIVe siècle décorant extérieurement le chevet de la cathédrale, deux surtout se
distinguent par l'heureux
agencement de leurs draperies et par le sentiment élevé de leur caractère. Ces statues en pierre, de
grandeur naturelle, se
trouvent placées dans des niches pratiquées à l'un des contre-forts de l'abside, vers le nord; elles
sont nimbées et représentent
: celle placée dans la niche orientale, l'apôtre saint Thomas, tenant une équerre; et la deuxième,
sur le côté septentrional,
la Magdeleine, en costume de courtisane du moyen âge, et portant un petit vase de parfum.
Vitrail 1
Vitrail 2
Vitrail 3
Vitrail 4
Vitrail 5
La réalisation de vitraux médiévaux nécessite des financements importants, les maître-verriers, bien
qu'anonymes à l'origine
(quelques noms nous sont parvenus à partir de la Renaissance, tels Arnoult de Nimègue, Engrand
Leprince, Romain Buron, Dominique
Florentin, Jean Soudain, Mathieu Bléville, Arnaud de Moles, Valentin Bousch), étant des artistes
très bien rémunérés.
Fabrication lire : Viollet le Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe
au XVIe siècle - Tome 9 - Page 373
Ainsi deux tiers du budget d'une cathédrale est consacré aux vitraux, un tiers à l'architecture. Le
financement des vitraux est
d'abord assuré par des donations de prélats, de nobles puis à partir du XIVe siècle par les
corporations et les grands bourgeois
qui jouent les mécènes dans les chapelles latérales et se retrouvent dans les fabriques paroissiales
qui prennent le pas sur les
évêques.
C'est aussi pour toute la symbolique de la lumière que l'on avait recours aux vitraux durant le
Moyen Âge et plus particulièrement
pendant la période dite gothique. Selon Vitellion, intellectuel du XIIIe siècle, on distingue deux
sortes de lumières : la lumière divine
(Dieu) et la lumière physique (la manifestation de Dieu). Les vitraux étaient alors chargés de
transformer la lumière physique en lumière
divine, autrement dit de faire entrer la présence divine dans la cathédrale. En outre, la lumière
provenant des vitraux a pour but de
délimiter un microcosme céleste au cœur de l'église.
Le tremblement de terre qu'éprouva la ville de Bordeaux dans la première partie du XVe siècle et
dont l'effet renversa les voûtes
de la nef, l'incendie de 1787, puis l'état d'abandon dans lequel la cathédrale fut laissé de 1793 à
1803, expliquent suffisamment la
disparition presque complète de toutes les verrières.
A la réouverture des églises, des carreaux incolores remplacèrent en grande partie les anciens
vitraux; aussi, de ces derniers,
ne voyons-nous aujourd'hui que quelques rares fragments.
Comme dans le chœur, les croisées de la nef étaient également pourvues de verrières, dues aux
libéralités de Mgr Arthur de
Montauban, archevêque de Bordeaux, de 1467 à 1478; elles ont totalement disparu.
Dans le transept, la rose nord (dont les menaux ont été refaits entièrement en 1847 sous la
direction de M. Mialhe, architecte),
était représentée la passion du fils de Dieu, don de Mgr Antoine-Prévot de Sansac, archevêque de
Bordeaux, de 1560 à 1591. Cette
rose possède encore plusieurs anges tenant les instruments de la passion et au-dessous la figure de
saint André.
La rose méridionale était décorée de l'image de la Vierge, de l'Enfant-Jésus et de fleurs, qui
rappelaient encore la consécration de
la porte du midi.
La majorité des vitraux de la cathédrale Saint André datent du XIXe siècle. Ils sont l’œuvre du
maître-verrier Joseph Villiet et ont
été installés entre 1857 et 1860 dans les chapelles Notre-Dame-du-Mont-Carmel et Saint-Joseph.
Les verrières de la chapelle de Notre-Dame-du-Mont-Carmel présentent des scènes de la vie de la
Vierge, de Joseph et du Christ.
Celles de la chapelle Saint-Joseph racontent la vie de Joseph, patron des charpentiers. Ces épisodes
sont accompagnés de représentations de
métiers et de leurs saints patrons : saint Eloi (orfèvres), sainte Geneviève (bergers), saint Martin
(sculpteurs et tailleurs de
pierre), saint Crépin (cordonniers), sainte Gudule (tisserands), saint Bénezet (architectes et
maçons), saint Isidore (vignerons),
saint Julien (pêcheurs), sainte Zita (fileuse de laine), saint Daggeas (fondeurs de cloches), saint
Toar (potiers), saint Candide
(laitiers), saint Honoré (pâtissiers), saint Lazare (dessinateurs et enlumineurs).
Les verrières hautes du chœur représentent des prophètes, patriarches, apôtres et saints.
orgues 1
orgues 2
orgues 3
La tribune de l'orgue, dans le style de la renaissance, placée à l'entrée de la nef, fut élevée en
1531, sous Charles de Grammont.
Ce prélat, qui avait fait édifier le contre-fort extérieur dont il a été déjà parlé, est un des
archevêques de Bordeaux qui ont laissé des
preuves nombreuses de son zèle pour l'embellissement de la cathédrale.
Antérieurement aux travaux dirigés par M. Combes, en 1810, voici, d'après un rapport manuscrit de
cet architecte, la disposition
de la tribune de l'orgue : « Elle était composée de quatre arcades; une des piles se trouvait placée
dans » le milieu. Cette
tribune n'avait que 3 mètres de largeur, » plafonnée en grandes pierres plates ornées de losanges en
dessous.
Ces dispositions, empêchaient l'ouverture de la porte principale projetée de la place Rohan; la
tribune, qui avait été démolie,
fut reconstruite avec les mêmes matériaux, mais sur un nouveau plan, seulement avec trois arcades.
La suppression d'une des
anciennes arcades permit de placer une niche de chaque côté, décorées d'enfants et d'arabesques avec
des couronnes de lauriers
où l'on a placé la lettre initiale du nom de Sa Majesté l'Empereur et Roi (Ces initiales ont
disparu).
Le sol de la place du côté du palais Rohan étant plus élevé que celui de la nef d'environ 1,60 m, il
a fallu établir la tribune à
cette hauteur au moyen d'un très-grand perron.
La tribune fut élargie de 2 mètres environ et voûtée en arc de cloître, formant trois carrés égaux,
au milieu des quels il y a
un caisson avec des losanges ornés de belles rosaces antiques.
En 1535, dans la cathédrale Saint André, se trouvent les plus belles et les plus grandes orgues de
toute la chrétienté. Malheureusement,
sous la Révolution, les orgues sont vendues et les tuyaux fondus pour l'armée. En 1804, l'orgue de
la Réole, œuvre du facteur toulousain
Jean-Baptiste Micot (1766), est transféré à Saint-André. Mais cet orgue s'avère insuffisant pour la
Primatiale. En 1810, cet instrument est
à nouveau démonté afin de permettre la réfection de la tribune et l'on songe à échanger l'intérieur
de cet orgue avec celui de l'abbatiale
Sainte-Croix construit par Dom Bedos de Celles en 1748. L'échange est décidé définitivement un an
plus tard.
Les buffets restent cependant à leur place respectives. À cette occasion le buffet de Micot installé
à la Cathédrale est modifié
pour permettre la l'instrument de Dom-Bedos d'y prendre place. Le résultat est extrêmement décevant
: autant l'orgue de Dom Bedos
sonnait magnifiquement à Sainte-Croix, autant l'instrument transféré à la cathédrale semble perdu
dans cette grande nef d'un
volume de huit à dix fois supérieur.
De 1837 à 1841, le facteur Henry effectue une nouvelle restauration et remplace les deux ailes
convexes du grand buffet par les
deux ailes concaves actuelles. Entre 1875 et 1877, le facteur Georges Wenner remplace l'ancien récit
de deux jeux par un grand
récit expressif de 14 jeux et substitue la mécanique directe du clavier du grand orgue et celle des
basses du récit par des
machines pneumatiques Barker.
Par la suite, l'orgue est modifié à plusieurs reprises tout au long du XXe siècle avant que la
restitution de celui construit par
Dom Bedos en 1748 à Sainte-Croix, et la construction d'un orgue neuf à la Cathédrale ne soient
décidés.
Les nouvelles grandes orgues, construites par la Société Danion-Gonzalez dans l'ancien buffet
restauré, sont inaugurées en 1982.
L'imposant buffet, classé Monument Historique, compte parmi les plus grands de France avec une
envergure de 15 mètres.
L'orgue de chœur a été construit en 1873 par Georges Wenner. Il fut électrifié par Joseph Beuchet en
1970 et réharmonisé par
Claude Berger en 1992.
Du nom de l'archevêque Pey Berland, est une tour située sur la Place Pey-Berland juste à côté de la Cathédrale Saint-André.
Voir le site
Pey-Berland en posa la première pierre l'an 1440 et le second des Calendes d'Octobre, c'est-à-dire
le 6 de ce même mois.
En creusant le sol, disent quelques historiens, on découvrit une fontaine jaillissante, que
plusieurs ont prise pour la fameuse
fontaine Divone. chantée par le poète Ausone. Là ne se trouvait pas la source première de ces eaux
qui circulaient dans tous les
quartiers de la cité, et qui venaient, comme nous l'apprend le chantre Bordelais, d'une source
inconnue, mais il paraît certain que
le réservoir général de la Divine Fontaine et des autres sources qui alimentaient Bordeaux, était
sur la place de Saint-André, c'est
ce qu'atteste évidemment cette inscription lapidaire gravée sur la tour et qu'on lit encore sur le
côté de sa base, faisant face à
là place Pey-Berland.
Bis quadram quicumque oculis
Tumm aspicis xquis,
Mille quadringentis quadragmta
Labentibus annis
Felicibus cœplam attspiciis nonasQue secundo
Octobris, tantum certo scito esse
Profundam
Fons quoque prosiliens quantum
Tenet, Me quoque primus
Subjecit lapidem Petrus Archipresul
In urbe
Burdigalâ ; cujus plebs collœtetur In œvum
" O toi qui contemples cette tour, laquelle repose sur huit piliers, apprends qu'elle fut
heureusement commencée la veille des Noues
d'Octobre de l'an 1440. Ses fondements s'étendent aussi loin dans la terre que la fontaine qui
jaillit à tes regards. La première
pierre en fut posé par Pey-Berland, Archevêque de Bordeaux; puisse son peuple s'en réjouir
éternellement. "
Rien n'avait été épargné pour la solidité de cet édifice, ni le choix des matériaux, ni le prix de
la main-d'œuvre. En effet, les
comptes et Archives de la fabrique de Saint-André, nous apprennent qu'on employa la pierre de liais,
de cliquart et de haut-banc
franc, du bassin de Bourg. Cette pierre coûtait 20 sols, et le moëllon 20 deniers le chariot.
De plus, une quittance de 251 livres 5 sols a été conservée et se rapporte à 169 toises d'ouvrage de
maçonnerie (336 mètres environ).
Avant l'achèvement complet de la tour, disent encore les mêmes documents, la fabrique autorisa
l'achat de 90 pieds (30,26 m) dë pierre de liais,
au prix de 3 sols 4 deniers le pied, pour la confection des gargouilles ou gouttières saillantes, en
forme d'animaux fantastiques, dont la
gueule rejette les eaux pluviales assez loin du pied des murs de l'édifice.
Le 5 Décembre 1574, le clocher avait vu, sans fléchir, passer sur sa tête un affreux ouragan qui
bouleversa la capitale de la Guienne
et fit tomber dix-huit pieds environ de sa glorieuse rivale, la tour de Saint Michel.
En 1617, la foudre emporte une grande partie de sa flèche.
En 1793, le peuple, dans un moment de fureur toujours déplorable quand il s'attaque à un monunmeut
de l'art et de la religion, vint
ajouter aux désastres de la foudre, en portant le marteau de la destruction contre les flancs de ce
monument si pieux et si national.
Cette tour, ainsi mutilée, passa dans les mains de la caisse d'amortissement et le directoire du
district de Bordeaux procéda à sa
vente publique le 23 avril 1793. Les enchères cédèrent en faveur du sieur Lavallette pour la somme
de 18,000 francs. Une des clauses
de l'acte portait que ledit clocher serait démoli dans le délai de trois mois. L'acquéreur se mit
promptement en mesure de remplir
la condition de son marché, et parce que le marteau était, sans doute, impuissant à détruire assez
vite une construction si massive,
il fit, dit-on, jouer la mine. C'est alors que la flèche octogone fut entièrement abattue et couvrit
de ses débris la plus grande
partie de la place Saint-André.
Mais, probablement vaincu par les difficultés de cette démolition, et ne pouvant l'effectuer dans
les trois mois prescrits, Lavallette
s'attacha à rentrer dans les débours de son achat. Il y parvint aisément par l'extraction du fer, du
plomb, du bois et de tous autres matériaux
arrachés aux entrailles de l'édifice. Puis, satisfait du profit qu'il y avait fait, il ne se
souciait plus d'un travail de destruction, désormais
sans avantages pour lui. c'est pourquoi les domaines firent prononcer sa déchéance, et la tour
revint à l'État.
Le 21 octobre 1820, forcé par l'administration des domaines de consentir à l'aliénation de la tour,
le vicomte de Gourgues, maire de
Bordeaux, eut l'heureuse pensée, si puissamment appuyée par le comte de Tournon, préfet de la
Gironde, de mettre au contrat de vente
une clause qui priverait l'acquéreur de la faculté de dénaturer ou de détruire l'un des plus beaux
monuments archéologiques de Bordeaux.
A cette condition, on le vendit au sieur Bigourdan pour la somme de cinq mille cinquante francs.
Cependant le nouveau propriétaire lui donna
une destination toute industrielle, et le convertit en une fabrique de plomb de chasse.
Depuis plus d'un demi-siècle, en effet, après avoir résisté à tous les efforts, elle était encore
debout, mais déshonorée et dévastée.
Toutes ses ouvertures étaient bouchées depuis le haut jusqu'en bas, tous les ornements, les niches,
les innombrables fantaisies de l'artiste
avaient été arrachés et il n'en restait que ce qu'il fallait pour convaincre que le XVe siècle avait
rarement produit une œuvre, où se fut
mieux développé le luxe inépuisable de son imagination (Montalembert). Elle ne servait plus cette
pauvre tour qu'aux spéculations de l'industrie humaine.
La tour Pey-Berland n'ayant point été aliénée pendant la révolution, et la vente passée en 1820
ayant été faite selon toutes les
formes voulues par la loi, il s'agissait donc de racheter le monument du nouveau propriétaire M.
Bigourdan.
C'est pourquoi, sur les nombreuses instances du cardinal Donnet, le Gouvernement, qui veut faire de
la tour Pey-Berland une dépendance
de l'église primatiale, l'acquiert pour la somme de quinze mille francs. Un décret du président de
la République, daté du 29 Juin 1850, autorise
cet achat au profit de l'État et l'acte de vente est passé entre M. le Préfet et le propriétaire, le
23 Août 1850. Enfin, M. le Ministre des
Cultes approuve, le 10 Février 1851, le projet de travaux à faire pour la construction d'un beffroi
et la consolidation de la tour. La commission
des monuments historiques, qui rapporte tous ces précieux détails, nous donne le devis de deux
marchés passés pour l'exécution de ces travaux.
Charpenterie ....... 7,124 07
Maçonnerie ......... 5,000
Le 8 Août 1853, le Cardinal Donnet bénissait solennellement un magnifique bourdon au nom de
Ferdinand-André, qui
ajoutait à ses autres titres de
gloire, celui d'avoir pour parrain l'Empereur et pour marraine l'Impératrice, représentés par M.
Gautier, maire de Bordeaux, et
par Mme de la Séglière, femme du premier Président de la Cour.
Mais à peine ce bourdon avait-il, depuis quelque temps, pris possession de son trône gigantesque,
qu'un fâcheux accident lui ôta
ses accords et même sa voix. Il fallut donc le renvoyer tout mutilé, brisé, au Mans, d'où il est
revenu plus majestueux et plus sonore.
Un escalier de deux cent trente-deux marches dans un étroit escalier à vis permet d'atteindre la
terrasse située au sommet de la
tour et qui a la forme d'une galerie autour de la flèche.
En 1863, sa flèche est restaurée.
Cette œuvre fut donc confiée à deux des architectes les plus distingués de Paris et de Bordeaux, M.
Danjoy, alors architecte de
Bordeaux, et M. A, Labbé, aujourd'hui architecte diocésain et du département.
Détails que nous devons à la communication de M. Labbé (lettre du 8 Février 1863) :
« La flèche tronquée, qui doit recevoir Notre Dame d'Aquitaine, a autant
d'élévation qu'avait la flèche primitive; les anciennes
inclinaisons ont été redressées, afin d'avoir à leur sommet assez de largeur pour y placer la
statue au lieu du fleuron à double
étage qui recevait la croix. »
« A l'exception des jours de la flèche, que nous avons supprimés pour qu'elle
n'eut pas l'air trop faible en portant cette statue
colossale, tout le reste est rigoureusement conforme à ce qui existait précédemment. »
Moins haute que la précédente, elle est couronnée par une statue en cuivre doré de 6 m de haut
pesant 1300 Kg : Notre Dame d’Aquitaine œuvre du maître orfèvre Jean-Alexandre Chertier qui a pris
comme modèle une Vierge de Notre-Dame de Paris.
La statue de la vierge au sommet est tournée vers le village de Saint Raphaël, situé dans le Médoc,
d'où était originaire Pey Berland.
En 1866 le conseil municipal décide de donner à l’esplanade le nom de place Pey-Berland.